RD Congo: l'UE doit prendre des mesures fortes et étendre les sanctions ciblées, après les manifestations meurtrières

23/01/2018

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

23 janvier 2018

 

Suite aux manifestations réprimées violemment en République Démocratique du Congo (RDC) le 21 janvier 2018 et le 31 décembre 2017 dernier, de nouvelles sanctions ciblées doit être appliquées par l'Union européenne (UE) à l’encontre de nouveaux responsables politiques et des forces de sécurité congolais responsables de violations des droits humains, de l’usage disproportionné de la force lors des manifestations et de la répression violente des voix dissidentes, afin d’accroître la pression sur le président Joseph Kabila et son régime, a déclaré aujourd'hui le Réseau européen pour l'Afrique Centrale (EurAc).

Selon l'Eglise catholique, le 21 janvier 2018 la répression violente par les forces de sécurité congolaises des manifestations organisées dans tout le pays par des membres de l'Eglise catholique et du Comité Laïc de Coordination (CLC) a entraîné la mort d'au moins six personnes et plus de 200 arrestations. Des affrontements similaires il y a trois semaines, le 31 décembre 2017, ont fait au moins cinq morts, plusieurs autres blessés et plus de 120 personnes ont été arrêtées arbitrairement, selon la mission des Nations Unies dans le pays. Pendant ces deux évenements, la majorité des manifestants étaient des fidèles et des membres du clergé, marchant pacifiquement à la sortie de la messe du dimanche. Les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes dans les rues et à l’intérieur même des églises. Les 31 décembre et 21 janvier, le gouvernement congolais a décidé de couper l’accès à Internet et aux services téléphoniques du pays. En raison de cette coupure, certains manifestants blessés n'ont pas pu avoir accès à l'aide d'urgence.

En réaction à ces événements violents très inquiétants, l'UE a gardé une attitude timide, publiant les 3 janvier et 23 janvier 2018 des déclarations faibles sans avancer de mesures concrètes ni fermes pour empêcher une nouvelle escalade de la violence et des abus dans le pays, en contradiction avec les conclusions fortes du Conseil de décembre 2017 où l'UE indiquait clairement que la responsabilité individuelle des responsables congolais serait engagée en cas de violations graves des droits humains et d'actes de violence et un usage disproportionné de la force.

Heureusement, le Parlement européen a adopté la semaine dernière une résolution forte appelant l'UE et ses États membres à donner la priorité à la défense des droits humains et envisager de nouvelles sanctions ciblées ainsi qu’envisager « d’utiliser des moyens supplémentaires, comme le prévoit l’accord de Cotonou, si la situation continue à se détériorer ». À l'appui de cette initiative, plusieurs députés européens ont personnellement fait entendre leur voix pour dénoncer le manque de fermeté, de réaction concrète et d'action de l'UE, en demandant que de nouvelles mesures concrètes soient prises. Au niveau des États membres, la Belgique a réagi en annonçant la suspension partielle de son aide bilatérale directe au gouvernement de la RDC et une réorientation stratégique vers les ONG, la société civile et l'aide humanitaire, exhortant l'UE à mettre la situation en RDC à l'ordre du jour du prochain Conseil des affaires étrangères.

"L'UE et les Etats membres de l'UE doivent cesser de fermer les yeux sur les récentes répressions meurtrières des manifestations anti-gouvernementales, ainsi que sur le climat répressif incessant et la répression brutale contre la dissidence pacifique au Congo. Le moment est venu pour l'UE d'envoyer le signal fort au président Joseph Kabila et aux autorités de la RDC que la violation des droits du peuple congolais ne sera pas sans conséquences pour les responsables", a déclaré Brune Mercier, directrice d'EurAc.

EurAc réitère sa demande à l’UE et aux Etats membres de l'UE de condamner publiquement et fermement les abus commis et de prendre des mesures concrètes urgentes en adoptant de nouvelles sanctions ciblées (gel des avoirs et interdiction de voyager) à l’encontre de nouveaux individus, hauts responsables politiques et des forces de sécurité, responsables de violations graves des droits humains commises à travers le pays, y compris lors de la violente répression des manifestations du 21 janvier 2018 et du 31 décembre 2017, et/ou d’entraves au processus démocratique et à une solution consensuelle et pacifique de la crise. Nous appelons également l'UE à exhorter les autorités congolaises à mener une enquête indépendante sur la répression violente des manifestations du 21 janvier 2018, 31 décembre 2017, ainsi que celles des mois de septembre et décembre 2016, et à établir les responsabilités individuelles.

 

 

Pour obtenir des informations sur les médias et / ou plus d'informations, veuillez contacter:

Julie Capoulade - Chargée de communication et de plaidoyer - EurAc

Bureau: +32 2 725 47 70 // Mobile: +32 499 81 01 77

julie.capoulade@eurac-network.org

 

 

Noteaux éditeurs:

Créé en 2003, le Réseau européen pour l'Afrique centrale (EurAc) regroupe 38 organisations membres de la société civile basées dans 11 pays européens. Ces organisations travaillent sur et dans la région des Grands Lacs. Ils soutiennent les organisations de la société civile au Burundi, en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda dans leurs efforts pour promouvoir la paix, la défense des droits de l'homme et le développement.

EurAc concentre ses activités sur le plaidoyer auprès des institutions européennes et des décideurs autour de 3 thèmes centraux pour la région des Grands Lacs : (1) paix et sécurité, (2) démocratie et droits de l'homme et (3) gestion des ressources naturelles. À l'inverse de ces domaines, l'amélioration de la gouvernance et le renforcement des acteurs non-étatiques en tant que contre-pouvoir sont des priorités de notre travail de plaidoyer.